peintures de l'été 2016
21/08/2016 accueil |
Quelquefois dans un beau jardin
Où je traînais mon atonie,
J'ai senti, comme une ironie,
Le soleil déchirer mon sein ;
Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon coeur,
Que j'ai puni sur une fleur
L'insolence de la Nature.
Charles Baudelaire A celle qui est trop gaie
A propos de la série "l'insolence des fleurs"
Pourquoi évoquer l'insolence des fleurs ?
Parce que les fleurs m'interpellent et que je ressens devant leurs corolles un mélange de fascination, de frustration et de rejet : leur splendeur semble inaccessible et puis, peintre "moderne", je ne saurais torcher un bouquet : trop kitch, trop "peintre du dimanche", ceci d'autant plus que me hante le spectre de la figuration, que j'assimile volontiers à un déni de peinture.
Force m'est pourtant de constater que ces bulbes, ces pétales, ces pistils imbibés de couleurs , irisés de nuances parlent par excellence le langage pictural comme l'a bien perçu une lignée de peintres qui va de Manet à Twombly en passant par Bonnard et qui ont peu ou prou cédé à la tentation des fleurs comme emblèmes de la peinture.
Sacrifiant donc à mon tour à ce tropisme , mal gré que j'en aie, je tâche de peindre non les fleurs elle-même mais la sensation des fleurs : éclosion de la forme-geste, , bigarrures des tons, floculation des textures, pullulement des nuances, flamboiement des couleurs, posées à même le tube dans une frénésie coléreuse et iconoclaste .
A l'insolence des fleurs je réponds par la défiguration : il s'agit de dissuader le regard d'identifier des images pour ne garder que l'élan de formes vagues et mouvantes naviguant dans le liquide amniotique de la peinture et gardant la trace d'une rage de peindre.